LA RENAISSANCE EN ITALIE
Les débuts de la Renaissance
italienne sont marqués par des événements internationaux
et des facteurs politiques qui, s’ils ne créent pas ce nouveau style,
le favorisent et permettent son développement rapide.
Un Concile international
convoqué par Sigismond, roi de Hongrie et empereur du Saint Empire
romain germanique, se tient à Constance au début de 1414.
En 1417, l’élection d’un nouveau pape, Martin V, met fin au Grand
Schisme d’Occident. La papauté est finalement restaurée dans
Rome. Souvent considéré comme le premier pape de la Renaissance,
bien qu’il ne soit en aucun cas un humaniste, il se lance dans la lourde
tache de reconstruire une Rome abandonnée depuis un demi-siècle.
Il n’est pas anodin de noter qu’avant de s’établir à Rome,
Martin a séjourné plus d’une année ( 1419 – 1420 )
à Florence, siège incontesté de l’explosion artistique
que connaît la première moitié du 15e siècle.
Le mot de Renaissance, traduction
française du mot italien rimascita, s’utilise déjà
pendant la période elle même, bien que ce ne soit pas spécifiquement
pour désigner un style artistique.
Une des composantes de la
Renaissance est certainement le réveil du goût pour l’Antiquité
classique, ainsi qu’une imitation volontaire de l’art gréco-romain.
Les artistes s’émeuvent pour les monuments préservés
qui parsèment encore l’Italie – bâtiments et sculptures, en
particulier les sarcophages – tandis que les écrivains humanistes
recherchent les textes classiques dans toute l’Europe.
Cela ne signifie pas que
les artistes des périodes précédentes ne se soient
pas intéressés aux formes de l’art ancien. Cet intérêt
est permanent et plusieurs renaissances spécifiques se produisent
en Europe Occidentale au cours du règne de Charlemagne au début
du 9e siècle et sous Frédéric II au 13e siècle,
pour des raisons de propagande politique impériale. Cependant, la
communauté intellectuelle au sens large n’est pas encore prête
à accepter un renouveau de ce type avant longtemps. Le climat ne
s’y prête pas encore.
En dehors de ce renouveau
d’intérêt pour l’Antiquité parmi les artistes et les
écrivains de la Renaissance, on constate également une intensification
de l’étude de la nature. C’est une période d’expérimentations
et d’explorations qui a pu être décrite comme « l’âge
de la découverte du monde et de l’homme ». Si les frontières
avec la période précédente – Moyen Age tardif ou gothique
– sont souvent fixées avec trop de précision, nous observons
cependant réellement, à un moment donné, un engagement
plus profond dans l’examen de la nature, dont l’homme est conçu
comme le centre.
Les artistes, à la
virtuosité plurivalente, étendent leurs compétences
à tous les domaines : sculpture, architecture, sciences, afin de
maîtriser tous les aspects de la représentation picturale
: cadres architecturaux ou paysagers, mise en scène des personnages
( expressions, postures, … ), lumière, perception selon la distance,
…
Par rapport à l’Antiquité,
les peintres sont placés dans une situation bien différente
de celle des sculpteurs et des architectes. Ils doivent imaginer la peinture
de l’Antiquité qu’ils ne peuvent imiter.
Tout en recherchant leur
inspiration dans le monde antique, les peintres de la Renaissance commencent
à regarder et appréhender le monde sensible pour tenter de
le comprendre. Ce qui explique ce goût prononcé pour le naturalisme.
Ainsi, à partir des années 1420 – 1450, les peintres se consacrent
à la représentation du paysage, à la description précise
d’arbres, de fleurs, de montagnes, de ciels nuageux, …ce qu’ils n’avaient
pas fait depuis plus de mille ans.
Si les représentations
et les thèmes chrétiens restent omniprésents on observe
également une prolifération de sujets profanes, voire païens.
Les mythes des anciennes divinités de l’Antiquité sont fréquemment
représentés et les éléments astrologiques et
alchimiques sont de plus en plus peints ou dessinés.
Les artistes de la Renaissance
sont fortement soutenus par des institutions religieuses, tout comme au
Moyen Age. La papauté est un commanditaire particulièrement
puissant. Les membres de la cour papale font également appel à
des artistes.
Les gouverneurs locaux des
nombreuses cités-Etats formant alors l’Italie sont une autre source
importante de commandes artistiques : embellissement ou construction des
hôtels de ville et autres bâtiments civils.
De simples citoyens, généralement
banquiers ou marchands, participent également à ce mécénat
artistique : construction ou décoration de villas, portraits, ….
La Renaissance est une période
d’intense agitation dans l’univers artistique et intellectuel, avec de
nouvelles formes dans la poésie, la musique, la théorie politique
et les expériences scientifiques que nous oublions parfois devant
les évolutions spectaculaires de la peinture, de la sculpture et
de l’architecture.
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