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DOSSIER : Charles Aznavour
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Charles Aznavour
Charles Aznavour, de son vrai nom Varenagh, naît le 22 mai 1924 à Paris alors que ses parents qui ont dû fuir le génocide arménien sont en attente d’un visa pour les États-Unis. Le couple décide donc de s’installer en France. Micha Aznavourian, son père, ancien baryton ouvre un petit restaurant, rue de la Huchette où se mêle musique et théâtre. C’est donc dans une atmosphère bohême que grandissent Aida, sa sœur et Charles qui est inscrit à l’école du spectacle. À 9 ans Charles commence sa carrière de chanteur dans le restaurant paternel et participe à de la figuration au cinéma. En 1933, il joue dans Émile et les Détectives, puis deux ans plus tard dans Beaucoup de bruit pour rien.
En 1939 la guerre arrache Micha au cocon familial, Charles doit alors subvenir aux besoins de la maison, il quitte donc l’école du spectacle pour travailler. Deux ans plus tard, il fait la rencontre de Pierre Roche, un jeune compositeur. Ensemble ils font la tournée des cabarets et des bars présentant leurs compositions. Les deux hommes se lient d’amitié avec Charles Trenet et Édith Piaf, qui les entraînent dans leur sillage. Ils se produisent ainsi aux États-Unis et à Montréal dans les années 47-48. Ils obtiennent un certain succès avec notamment leur titre J’ai bu.
De retour en France, sans Pierre Roche qui s’est marié aux États-Unis, Aznavour connaît plus de succès en écrivant pour les autres, Maurice Chevalier, Patachou, Mistinguett , Juliette Gréco et Édith Piaf qu’en chantant. Je hais les dimanches chanté par Gréco reçoit le prix de la Sacem en 1952. Persévérant et passionné, alors qu’il quitte le clan Piaf, il enregistre Jezebel, un succès. Conscient de son talent les théâtres l’accueillent, le Moulin Rouge puis l’Olympia en première partie de Sydney Bechet. En 1957 à l’Alhambra devant le tout Paris un peu tiède face a sa prestation scénique, il croit perdue sa carrière de chanteur en entamant je me voyais déjà, qu’Yves Montant a refusé de chanter. Le public se lève alors pour une standing ovation, il est enfin acclamé et reconnu. Il a 36 ans.
Les tubes vont s’enchaîner, Tu te laisses aller, Il fait savoir,Les comédiens, La mama, Et pourtant, For me formidable, Que c’est triste Venise, La Bohème, Amenez moi. Acteur reconnu, il est réclamé au cinéma et tourne sous la direction de Mocky Les Dragueurs, en 1968. Un an plus tard, il remporte le prix d’interprétation pour son rôle dans La tête contre les murs de Georges Franju. Puis Truffaut, Tirez sur le Pianiste et aux côtés de Lino Ventura, dans Un taxi pour Tobrouk. Son talent artistique le place sur tous les terrains, il excelle au cinéma comme en musique.
À 45 ans il a déjà publié une dizaine d’albums et tourné dans de nombreux films à succès. Dans les années 1970, il part s’installer aux États-Unis tout en menant sa carrière de front en France. Il écrit sa biographie Aznavour par Aznavour. En 1971 il écrit Mourir d’aimer la chanson titre du film d’André Cayatte qui retrace l’histoire d’amour dramatique entre une enseignante et l’un de ses élèves. Le ton des chansons s’oriente vers des sujets de sociétés, des problèmes d’intégration, comme le titre sur l’homosexualité Comme ils disent. Charles Aznavour ose et parle de ses engagements, notamment politiques. Il écrit et chante en 1975 une chanson sur l’Arménie, en souvenir du génocide arménien, Ils sont tombés.
Il collabore à l’écriture du film Yiddish Connectionde Paul Boujenah, sort des nouveaux titres qui triomphent Embrasses Moi, Toi contre moi, et entame en 1986 une tournée triomphale aux États-Unis. En 1988, le terrible drame du tremblement de terre en Arménie pousse Charles Aznavour à s’investir dans l’humanitaire. Il se mobilise et réunit 90 chanteurs et comédiens pour chanter Pour toi Arménie, il est nommé Ambassadeur permanent en Arménie, par l’UNESCO. En 1990, il enregistre à Londres trois albums l’Éveil, l’Élan et l’Envol. Il se produit au Palais des Congrès avec Liza Minelli et son deuxième ouvrage des Mots à l’affiche paraît en 1991.
Dans les années 1994 à 2000 il tient l’affiche trois fois au Palais des Congrès une manière pour lui d’entretenir le lien fort qu’il a tissé avec son public. Son répertoire est repris en chœur et connu de tous, petits et grands. Insatiables sont son envie et son besoin de chanter et d’écrire. En 2002 il sort un album Je voyage qui témoigne de ce désir permanent qui le propulse sur les scènes des pays du monde entier. Il fête ses 80 ans au Palais des Congrès, sa scène de prédilection, après avoir publié ses mémoires Les temps des avants. À plus de 80 ans il produit une comédie musicale, à l’image de la vie de bohème de sa jeunesse et inspiré de la vie de Toulouse Lautrec dans le Montmartre du 19e. En fin 2009 parait son livre testament sur son parcours personnel et artistique A voix basse. Puis il s’associe à la relève des auteurs compositeurs, Thomas Dutronc, Grand Corps Malade, en 2011 sur un album Aznavour toujours. Il reprend les chemins de l’Olympia en automne et se lance dans une tournée à travers toute la France.
La critique qui n’a pas été tendre à ses débuts, alors qu’il chantait l’amour face au clan des yéyés, l’encense aujourd’hui. Il a bâti une carrière exemplaire, riche, reconnue internationalement, autant pour son talent que pour sa générosité, son engagement, ses remises en questions, ses œuvres musicales, cinématographies et littéraires. Artiste complet et brillant qui a pris une belle revanche sur la vie, flirtant avec tous les styles musicaux, lui que rien ne destinait à briller, avec un physique peu avantageux, son enfance d’immigré et sa voix éraillée. 44 albums, 786 chansons, 70 ans de carrière, peu d’interprètes peuvent se vanter d’un tel palmarès. Discret sur sa vie privée, Charles Aznavour s’est marié 3 fois et a six enfants, Séda, Charles, Patrick qui décède à l’âge de 25 ans, Katia, Misha et Nicolas.
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